« Laisser faire la nature »
Les ressources et les services renouvelables nous sont procurés par le soleil, le vent, les plantes, les animaux, la terre, l’eau, les marées.
Une ressource est considérée comme renouvelable lorsqu’elle se renouvelle naturellement sur un laps de temps humainement raisonnable. Nous pouvons comparer les ressources renouvelables à des revenus disponibles et les ressources non renouvelables à des actifs immobilisés: toucher régulièrement à ces derniers pour satisfaire nos besoins quotidiens n’est pas soutenable.
Un service renouvelable est un avantage fourni par la nature, dont nous pouvons bénéficier gratuitement, sans pour autant le consommer, ni l’exploiter, et qui peut limiter notre demande en ressources extérieures non renouvelables (par exemple l’ombre d‘un arbre peut remplacer un parasol, l’énergie du vent peut remplacer un sèche-linge électrique).
La permaculture tend à faire le meilleur usage possible de ces ressources et ces services naturelles renouvelables plutôt que ceux non renouvelables afin d’instaurer un équilibre et d’assurer une production à court, moyen mais aussi long terme.
L’usage des ressources non renouvelables dans le monde actuel mène inévitablement à l’épuisement de certains ressources comme le pétrole ou les terres fertiles et des changements profonds devraient être mis en place. Une exploitation standardisée à grande échelle que l’on voit actuellement dans les économies industrialisées et ses répercussions sur l’environnement risquent d’engendrer très prochainement une instabilité écologique, économique et sociale, voire une crise mondiale que nous préférions tous éviter.
« L’agriculture : jadis fondée sur l’exploitation des ressources renouvelables, elle est devenue l’un des secteurs les plus consommateurs de ressources non renouvelables » *
Les services renouvelables de la nature
Les avantages offerts par la nature peuvent nous permettre non seulement de satisfaire une grande partie de nos besoins, mais aussi d’approfondir notre relation avec la nature, tout en diminuant notre demande en ressources.
Faire appel à des poules, plutôt qu’à un tracteur, pour cultiver le sol est aussi bénéfique pour le sol que pour le poules, et pour nous mêmes. Les poules vont gratter le sol, manger les insectes trouvés sur leur chemin et fournir leurs déjections à la terre. De cette façon, elles remplacent non seulement le tracteur mais également les produits insecticides toxiques et des engrais chimiques.
« Les relations privilégiées que nous entretenons avec ce type d’animaux domestiques établissent, en outre, un contexte d’empathie propice à l’élargissement de nos préoccupations éthiques aux questions naturelles » *
De la même manière, on pourrait considérer les animaux herbivores comme de véritables tondeuses naturelles, des plantes comme des clôtures vivantes, les cours d’eau comme des réservoirs auto-purificateurs.
En utilisant proprement les services fournis gratuitement par la nature, on diminuerait considérablement notre demande en ressources et services extérieurs, non renouvelables. Pour enrichir le sol en substances nutritives , rien de plus efficace que les plantes pionnières, les légumineuses, les champignons ou encore les plantes de prairie à enracinement profond, et bien évidemment les arbres. Plus le sol sera riche et plus les insectes s’y plairont et contribueront à l’améliorer davantage. Stimuler l’action des micro organismes du sol est une solution bien plus accessible, soutenable et moins coûteuse qu’un recours à des nutriments chimiques, gourmands en ressources non renouvelables. Les exemples des services renouvelables offerts par la nature sont innombrables.
Les ressources
Certaines ressources se renouvellent bien plus vite que les autres: l’énergie du soleil, de l’eau ou du vent peuvent se renouveler à l’échelle d’une journée, et d’autres comme le bois ou le plantes ont besoin d’une, voire plusieurs années. Comment savoir si l’utilisation d’une telle ou telle ressource est raisonnable? Selon David Holmgren, une question importante se pose:
« La fonction ou le produit né de l’utilisation de cette ressource dureront-ils au moins aussi longtemps que le temps qu’il faut à la nature pour produire la ressource en question ? » *
Utiliser le bois d’un arbre qui a mis des dizaines voire les centaines d’années à pousser serait beaucoup plus approprié pour en faire un meuble qui servira aux plusieurs générations plutôt que d’en faire les produits en papiers jetables. Il faut savoir imaginer un usage qui saurait au mieux apprécier et mettre une ressource en valeur.
Bien que l’utilisation des ressources naturelles semble être la meilleure solution pour un avenir durable, il faut avoir à l’esprit l’importance de la gestion du stock disponible afin de garantir un usage soutenable. Il faut agir avec prudence selon les fluctuations imposées par les saisons et veiller à ce que notre consommation n’entame pas la capacité de production de la nature. Les périodes d’exploitation et les méthodes utilisées sont aussi importantes que les quantités consommées.
Arbres: les ressources renouvelables par excellence
Selon l’auteur David Holmgren, les arbres constituent véritablement la meilleure source d’énergie renouvelable. Elles fournissent du bois et des fibres non seulement pour le chauffage, mais pouvant aussi remplacer de manière très efficaces les métaux et les matières synthétiques, très polluants et gourmands en ressources et en énergie. Le bois peut également servir pour produire du biocarburant destiné au transport (gaz de bois). Enfin, on peut planter des forêts n’importe où, même sur les sols le plus pauvres et impropres à la production agricole: elles n’auront aucun mal à pousser et en plus, elles enrichiront naturellement le sol et diminueront la pollution d’air de manière significative.
Les systèmes permaculturelles devraient utiliser au mieux ces ressources et ces services disponibles et durables, afin de rétablir un équilibre entre l’homme et la nature, et garantir un avenir prospère aux générations à venir.
« La nature utilise souvent ce qui semble être des déchets pour développer et renforcer les systèmes vivants qui, à leur tour, fournissent davantage de ressources aux populations. Tant que nous travaillerons au sein des limites imposées par la nature, ce cycle d’abondance pourra être perpétuellement renforcé » *
*David Holmgren, « Permaculture, Principes d’action pour un mode de vie soutenable »
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